Deux lacs : Bled et Bohinj

Entrez le mot-clé « Slovénie » dans n’importe quel moteur de recherche et observez la première image qu’il vous retourne : c’est à coup sûr le lac de Bled ou plus précisément son église plantée au milieu d’une île. Vision idyllique à toute heure avec pour arrière plan les montagnes : c’est sûr, ça en jette !

Je dis ça, moi, j’en ai rien vu. Si si, j’y suis allé, si si.
C’est à dire qu’il y a beaucoup mais beaucoup de monde en Août, trop à mon goût. Impossible de stationner Huguette, les trottoirs et bordures du lac ressemblent au métro parisien un lundi matin à la différence qu’ici chacun est absorbé par son écran d’appareil photo et bombarde de clichés sans même lever les yeux. Je vous jure, après la quiétude de Mojstrana et de la vallée de Vrata, ça m’a fait un choc !
Vais-je tout de même m’arrêter pour prendre la photo que tout le monde prend ? Non, inutile – d’autre l’on fait et bien mieux que moi. Je profite du lac depuis la cabine d’Huguette où on y roule au pas chantant avec Bob’s Not Dead, coincé sur le périphérique dans les bouchons.

Lac de Bohinj

Lac de Bohinj : ça envoie du lourd !

Un peu plus loin, c’est le lac de Bohinj : lors de mes rencontres slovènes, ce nom a été plusieurs fois évoqué. On doit s’y rendre !
Déjà beaucoup moins de monde, ce n’est pas désert non plus. J’ai trouvé un coin-nuit la veille dans le village de Brod à quelques kilomètres du lac par la piste cyclable : parfait !

La piste – j’en emprunte que la portion finale, c’est tout un parcours entre village étapes – passe à travers bois et champs, longe la Sava, monte et descend : superbe balade à vélo qui dans mon cas se termine par un tour complet du lac.
Alors attention, rendu dans la foret qui borde le lac, le chemin devient grosses pierres et racines apparentes. Impraticable pour mon VTC (qui lui n’a pas de nom, tiens), difficile à mon avis pour un VTT avec pilote non expérimenté.

N’empêche que c’était top ! Il m’a fallu presque deux heures et demi pour clore la boucle avec une bonne pause sur un gros rochet au bord du lac. L’eau est superbe, sa couleur, aucune de mes photos ne pourra la capturer avec suffisamment de fidélité. Translucide, on distingue si bien le fond du lac sur les premiers mètres. Cela permettra de retrouver aisément l’appareil photo qu’une maman a échappé du haut du rochet droit dans la flotte ! Honnêtement, ça a jeté un froid.

Le Lac de Bohinj

Bohinj, vous sentez l’envie d’y plonger ?

« DO NOT TURN IT ON! ». C’est ce que j’ai presque hurlé en la voyant manipuler le naufragé retourné par papa qui lui, bien qu’il beugle en ce qui me semble être de l’allemand, ne foutait rien à part glandouiller dans l’eau.
Sous le regard de la petite famille je saisis l’appareil, retire la batterie (il est sans doute trop tard) puis la carte mémoire, ouvre tous les caches qu’il est possible d’ouvrir et ensemble, on voit la bétonnière à pixel se vider d’eau. Aïe, ça pue.
Je sens un malaise s’installer : toutes les images des vacances sont-elles perdues ? C’est bien probable.

Appareil Photo

Astuce : ce genre de truc, ça n’aime pas l’eau.

Après une bonne quinzaine de minutes, une fois que je les ai bien barbé sur les méthodes pour tenter de sauver l’appareil, je leur demande la carte mémoire : je la glisse dans le reflex que les parents m’ont prêté et oh, miracle, je parcours l’ensemble des images stockées sur celle-ci : les souvenirs numériques sont sauvés !
Joie de tous, grands sourires, je crois distinguer une larme.

Rom, ce héro.

Rivière Sava

La Sava, une rivière qui alimente le lac. Ma-gni-fi-que.

L’image héroïque a été pulvérisée au moment où je suis entré dans l’eau, disons après les premiers pas. Car si l’eau est bonne en surface, elle devient vite très froide. Pourtant, j’ai pris des bains dans les torrents des Dolomites, dans la cascade de Peričnik ou même dans la Triglavska. Mais là, ce n’est pas pareil, ça m’a saisi d’un coup quand j’ai plongé pour toucher le fond du lac (en bordure car le lac gagne vite en profondeur). Sortie immédiate accompagnée d’un chant de voyelles pas franchement mature, j’ai ni serviette ni maillot de bain – oui, c’est inutile, j’y vais en caleçon, c’est pareil.
J’ai grelotté pendant vingt minutes.

Les lacs, c’était trop top ! Surtout celui de Bled.