Mojstrana et la vallée de Vrata

Mojstrana c’est un joli village au Nord-Ouest de la Slovénie. Il est le point d’entrée de la vallée de Vrata, celui qui accueille le musée de l’Alpinisme Slovène. Vraiment charmant et rempli d’histoire. Ce sont les auto-stoppeurs belges qui m’ont conduit ici finalement. Premières impressions de la Slovénie, pays qui m’est totalement inconnu : je ne vais pas être déçu !

Vue sur Mojstrana

Vue sur le village de Mojstrana. Le premier amas rocheux est accessible via une via ferrata 😉

Le musée de l’Alpinisme

On passera deux nuits sur son parking : il juxtapose le bar-hôtel « Jozl » où l’ambiance est bonne et où – accessoirement – un accès internet est disponible. C’est important les bars, c’est aussi là que l’on rencontre les gens.

Dans les premières discussions, je comprends bien vite que l’escalade/alpinisme sont ici religion. J’irais alors au musée de l’Alpinisme (la majuscule est nécessaire, rapport au culte).
6€ l’entrée, une salle divisée en 6 ou 7 zones qui présenteront l’histoire de l’Alpinisme Slovène.

Musée de l'Alpinisme à Mojstrana

Le musée et l’hôtel-bar Jozl à droite

De leurs premiers explorateurs qui ont littéralement cartographié les montagnes slovènes fin 19ème et labellisé chacun des chemins, à ceux qui ont gravi l’Everest : on ressent ici la fierté d’une « petite et jeune nation » dévouée aux montagnes et plus généralement à Dame Nature.

La visite se termine par un court métrage d’une vingtaine de minutes portant sur la Slovénie (sa géographie principalement, son dévouement à son environnement). Je le verrais en français seul dans l’amphithéâtre situé au sous-sol du musée. Ok, ça semble être un pays incroyable : plus de la moitié c’est de la foret, c’est presque toujours de la montagne – les Alpes Juliennes.

La cascade de Peričnik

J’enfile les chaussures de rando. Je garde en tête les superbes marches au milieu des Dolomites en me lançant sur la Triglavska cesta : un chemin de randonnée qui parcourt la vallée de Vrata.
Dans un premier temps, je ne vise que la cascade de Peričnik. Ce n’est pas une très longue marche depuis le camion, c’est vite atteint en suivant la rivière Triglavska.

Cascade de Pericnik

Le trait blanc, c’est l’eau qui tombe

Ce lieu est magique. C’est une chute d’eau d’un peu plus de 60 mètres : d’abord une dizaine de mètres puis un final d’une cinquantaine. Grimpez jusqu’en haut, voyez la première cuvette creusée dans la roche par la force de l’eau : vous ne pourriez résister à l’envie d’y faire rapidement trempette ! L’eau est d’un bleu émeraude. Magique je vous dis !

Bassin de la cascade de Pericnik

Ces couleurs, ces sons, toutes ces gouttes d’eau qui vous percutent. Vous allez sourire croyez-moi !

La face Nord du Triglav

J’enfile à nouveau les chaussures de rando. Là, ce sera plus long que la balade jusqu’à la cascade vue la veille : du camion à l’endroit où je collerai le dos à la roche du Triglav, je marcherai près de 8 heures, toujours en suivant plus ou moins la Triglavska – le retour se fera en stop.

Face nord du Triglav

Un mur. Un immense mur : la face nord du Triglav

Oui car vous pouvez emprunter une route en gravier qui vous mènera à un parking au pied du refuge où la face Nord du Triglav se pose devant vous. A moins d’être trop vieux, trop jeune, trop malade ou trop c*n, montez-y à pied, c’est formidable (et descendez en « taxi »… parce que vous êtes trop fatigué – merci aux automobilistes, je vous crache au visage et vous, vous me conduisez, c’est le beau geste).

Vous passerez à travers la foret, longerez les immenses roches formées il y a de ça pff, on ne compte plus, franchirez des sortes de pâturages. Il y a, à mon souvenir, huit ou neuf points où vous trouverez des panneaux concernant faune, flore et caractéristiques géologiques.

Abri sur le chemin du Triglav

BOOM ! Je ne sais pas si Huguette peut grimper jusqu’ici, emprunter ce petit chemin et s’arrêter tout à côté de ce bel abri. Ce serait trop top !

Arrivé au dernier panneau explicatif, déjà bien en sueur, je me dirige vers – un hurlement déchirant l’air se fait entendre dans toute la vallée, un de ceux dont la hauteur de note est inatteignable par un être normalement constitué  : « Bordel ! Un gamin a fait une mauvaise chute ?! Est-il blessé ?! Vite, fonçons ».
« Non non, les gars, pas la peine… C’est moi… Un serpent d’un kilomètre de long – ou de 70 centimètres, je ne sais plus – m’a traversé juste devant la godasse ! La vache, j’aurai pu crever ! ».
Ah, ça, je crains ça ! Peut-être une vipère : on en trouve dans la région entre 1200 et 1600 mètres d’altitude (j’ai eu l’info au musée). Non, n’imaginons pas le pire ! C’est plus flippé que nous, c’est vrai, mais moi, j’ai jamais pu sentir ces bêtes là (ils marchent sur leur ventre) !

La légende de la « mlade pastirke »

Il se dit alors que placé sur la bonne roche, à quelques dizaines de mètre de la paroi du Triglav, l’écho d’un cri de frayeur est toujours perceptible. Il semblerait que la configuration acoustique de la zone entraîne un rebond infini du son et si celui-ci est formé avec suffisamment de puissance à un endroit spécifique, il devient éternel. L’origine de ce cri serait attribuée à la chute mortelle d’une jeune bergère, il y a de cela plus de cent ans.
Alors quoi, légende urbaine ? Pour beaucoup, la vallée est hantée par le spectre de la petite fille – les rumeurs (ou pas) se diffusent bien vite !
Je suis fier.

Vallée de Vrata

La vallée de Vrata. Montez-montez, ne vous retournez pas. Fixé sur vos appuis, faites demi-tour, admirez, pleurez. Dans cet ordre là.

Et alors, t’en dis quoi ?

Simple. Après quelques jours à traîner autour de Mojstrana on sent bien, Huguette et moi, que la Slovénie va être un très bon moment de lavraieroutedurom. Accueil formidable, peuple très accessible, tous très à l’aise à l’anglais et paysages de dingue !

Quelques galères pour passer les nuits en sauvage : seul parc national du pays, les règles y sont strictes (et c’est sans doute pas plus mal). On sera viré trois fois en une journée : stationner seulement une heure pour déjeuner n’a pas été envisageable pour ces gens.
En allant vers les habitants, en demandant la permission, on arrive à passer des nuits en dehors des campings de toute façon complets : il suffira d’annoncer à la police si elle se présente qu’il était urgent de se reposer car « trop de conduite » me dit-on. Merci aux personnels du musée, au responsable du club de tennis – les meilleurs !

« Ça tente quelqu’un d’aller aux lacs ? »