Nanos-technologie, all is free

Après quelques jours à la ville l’appel de la nature se fait de nouveau entendre : vivement les « no man’s land », les paysages à couper le souffle et les nuits où les étoiles sont visibles. Je vais être servi bien comme il faut : Nanos, nous voilà !

Plateau de Nanos

A une petite centaine de kilomètres de la capitale direction la côte slovène, Nanos est un plateau herbeux perché à près de 1300 mètres d’altitude. C’est une belle randonnée dont le point culminant offre une vue splendide à nos mirettes qui resteront grandes ouvertes, pointant l’horizon.

Le plateau de Nanos

On va grimpez tout là-haut !

J’apprends sur le blog slovenie-secrete.fr que c’est tout de même un parcours assez physique où il faut grimper un dénivelé de 700 mètres presque face à la pente. Et effectivement ça l’est – bien que ce soit abordable pour un marcheur débutant comme moi. On passe d’abord par des bois, s’accommodant du chemin qui n’est que roche et gros cailloux. Au trois quarts de l’ascension peut être, la pente devient bien raide et il faut s’agripper aux mains-courantes pour passer de grosses formations rocheuses que l’on se voit presque escalader.

Le plateau de Nanos

Quand même ! C’est beau !

Malin comme je suis, je réussi à me planter de chemin bien qu’il soit balisé tout à fait correctement. « C’est bizarre quand même, ça ne doit pas être par là, ça me semble un peu trop dangereux ». J’escalade littéralement de gros rochers, grimpe dans une herbe très dense et fini par rattraper le bon chemin guidé par des voix espagnoles que je distingue nettement. Ces trois marcheurs ont été largement surpris de me voir débarquer juste sous leurs pieds : c’est qu’avec l’angle de la pente, ni eux ni moi ne pouvions nous apercevoir avant le tout dernier mètre. Apparition inexpliquée, je bondi comme par magie ras leurs godasses, me tirant sur le chemin : « Hola ! ». Grands sourires viendront clore cette situation presque burlesque.

Un fois sur le plateau, il faut longer ce qui me semble être un centre de télécommunication/radio équipé d’immenses antennes pour atteindre un refuge où je m’offrirai une bière bien fraîche que je considère largement justifiée.

Sur le retour pour retrouver Huguette qui est restée sur le parking en bas de l’étron rocheux (où je passerai deux nuits), on peut admirer une église de pierre poser là au milieu de nul part.

Vue du plateau de Nanos

Non ? Vous ne trouvez pas ?!

« All is free »

Il me faut trouver un moyen de laver mon linge. Tout proche du plateau de Nanos, il y a cette ferme dont les propriétaires proposent un petit bout de leur terrain tout à côté de l’enclos à chevaux où un ou deux vans peuvent stationner pour la nuit contre une petite rémunération. J’espère bien pouvoir négocier l’utilisation de leur machine à laver contre ce qu’ils souhaiteront, seulement, il semble n’y avoir personne.
Pas de problème, on s’adapte, Huguette et moi prenons la route vers le petit village de Trnje où il y a un camping à la ferme – je passerai un coup de fil pour m’assurer de la possibilité d’y passer la nuit.

Superbement accueilli par la famille qui vit ici, je m’installe à l’entrée d’un champ et négocie directement l’accès à leur machine à laver le linge : ils me demanderont une petite participation financière un peu désorientés par un telle requête – je fourni la lessive.

Vue du plateau de Nanos

Si, si, c’est beau !

Machine en route, le patron me présente alors le lieu et son fonctionnement. La maison reste toujours ouverte et une pièce est dédiée aux convives. On y trouve un frigo rempli de boisson, des bouteilles de vin à déguster à tout moment de la journée et une petite fiche sur laquelle on doit reporter au fur et à mesure ce que l’on consomme : au moment du départ, une note sera établie.
Que j’aime ces principes basés sur la confiance, la capacité de chacun à distinguer ce qu’il est bon de faire.

Et puis, il y a cette petite porte de bois. Elle ressemble à ce qui fermerait un débarras dans une vieille maison. Le patron m’invite à y entrer et je découvre, la larme à l’œil, une superbe cave exposant des dizaines de bouteilles : « it’s the schnaps that I made, all is free » (« C’est le schnaps que je fais, tout est gratuit »). Je pleure.

« – Hein ? Quoi ? Comment ? Je peux en boire tant que je veux, tout goûter, for free ?!

   – Oui ! Mais attention, c’est costaud ! »

Ah je confirme. Il manque un peu de moelleux. Ça doit être un coupage. Mais il est tonique hein. On l’sent descendre. On l’sent même vachement descendre. Vous permettez ? Il est taquin, on s’y ferait vite, hein ?*

On s’enfermera tout un moment dans cette cave avec mon nouvel ami belge rencontré au cours de la soirée. Pour lui et sa moitié, les vacances sont finies, retour en Belgique le lendemain. Après avoir usé du pif et de quelques bières, compléter la charge par l’apport excessif de schnaps était à la fois une bonne et mauvaise idée, une sorte d’expérience de Schrödinger où la conclusion est connue d’avance : le chat est mort.

Cave de Schnaps

La schnaps-cave ! Deux héros y sont nés le 27 Août de l’an 2017

N’empêche que la soirée a été des plus délicieuse. Puis entre les auto-stoppeurs belges de la route Russe, ces deux amoureux qui m’invitent à les visiter au plat pays et la plus merveilleuse des voisines de France, celle qui m’a vu grandir, m’ayant indiquer qui et quoi voir en Belgique, je pressens que l’étape belge de LVRDR va être mémorable.

Direction l’Est de la Slovénie, rendez-vous à Ptuj mais d’abord, Žalec et sa fontaine à bière !

*extrait d’Archimède le clochard, film de Gilles Grangier, dialogues de Michel Audiard. 1958.